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Les «entepreneurs de normes» .

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Cass Sunstein (Sunstein, 1997) identifie une catégorie de personnes, qu’il appelle les entrepreneurs de normes, qui s’intéressent, eux, à l’évolution des normes sociales. Si leurs efforts réussissent, cela peut provoquer une chaîne en cascade, qui, peu à peu, mènent à des changements substantiels dans les normes sociales d’une société toute entière. Les entrepreneurs de normes peuvent exploiter un mécontentement répandu avec les normes existantes et donc faire avancer la société vers une nouvelle norme de plusieurs manières :

 

(A) en signalant leur propre engagement à vouloir changer les normes,

(B) en créant des coalitions,

(C) en défiant les normes qui semblent les moins coûteuses,

(D) en faisant en sorte que le respect des nouvelles normes semble plus avantageux.

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Ces entrepreneurs de normes instruisent le problème dans toutes ses dimensions, lui donnant

ainsi une « structure cognitive » (cognitive frame) mobilisatrice (Keck and Sikkink, 1998).

La société peut ainsi connaître une révision rapide de ses normes en vigueur. Dans ce travail sur les normes, la dimension symbolique apparaît alors déterminante. Les deux auteures prennent l’exemple de la mobilisation d’organisations de défense des droits humains qui, dans les années 1970-80, ont sorti le problème de l’excision en Afrique de sa confidentialité anthropologico-médicale pour l’instruire en enjeu de droits de l’homme.

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Des Communautés Epistémiques.

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Enfin, les normes peuvent aussi être produites par des réseaux de professionnels dotés d’une

expertise scientifique dans des secteurs particuliers de politique publique internationale, autrement

dit des communautés épistémiques transnationales (Haas, 1992).

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Pour Haas, une communauté épistémique désigne « un réseau de professionnels ayant une expertise et une compétence reconnue dans un domaine particulier et une revendication d’autorité

en ce qui concerne les connaissances pertinentes pour les politiques » (Haas, 1992).

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Selon Haas les communautés épistémiques ont :

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- Un ensemble commun de croyances normatives et de principes qui fournissent une justification

fondée sur la valeur pour l’action sociale des membres de la communauté.

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- Des croyances partagées sur les causalités, qui sont issues de leur analyse de pratiques qui amènent ou contribuent à un ensemble central de problèmes dans leur domaine, et qui servent ensuite de base pour élucider les liens multiples entre actions politiques possibles et résultats souhaités .

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- Des notions communes de validité – c’est-à-dire, des critères intersubjectifs, définis en interne, pour la pondération et la validation des connaissances dans leur domaine d’expertise.

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- Et une entreprise politique commune – c’est-à-dire, un ensemble de pratiques communes associées à un ensemble de problèmes vers lesquels leur compétence professionnelle est

dirigée [. . . ].

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Les communautés épistémiques se distinguent des autres groupes d’intérêts transnationaux

par la spécificité de leur activité orientée vers la production de connaissances scientifiquement

validées et réfutables.

De nombreux exemples de communautés épistémiques transnationales peuvent être trouvés dans des secteurs d’ expertise variés (climatologues du GIEC, épidémiologistes à l’OMS, experts du nucléaire à l’ AIEA, etc.).

L’idée fondamentale de Haas est qu’une communauté épistémique est à la fois une communauté de savoir et une communauté de pouvoir.

Vouées à réduire l’incertitude dans la prise de décision à l’échelle internationale, ces communautés auraient en effet acquis un pouvoir propre :

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« Les membres des communautés épistémiques transnationales peuvent influencer les intérêts des États, soit en les identifiant directement pour les décideurs, soit en éclairant les dimensions saillantes d’un problème qui amène ceux-ci à en inférer leurs intérêts » (Haas, 1992).

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Même si la notion a connu un grand succès qui a largement débordé le paradigme constructiviste, Haas se réclamait à l’origine d’un « constructivisme limité » mettant l’ accent sur la dimension cognitive de la politique internationale, indépendamment des logiques de puissance et d’intérêts.

Une approche de notre terrain de recherche dans une épistémè de type "constructivisme ingéniérique", nous semble pouvoir s’accorder avec ce champ de l’entreprenariat institutionnel, ou plus précisément néo-institutionnel.

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Notre expérience entrepreunariale "Intelligence in Life, pour un développement clinique durable" prend sous cet éclairage théorique l’aspect d’une communauté épistémique.

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L’acceptation pragmatique de ce noeud gordien entre droit et économie, dans la poursuite d’un objectif de sûreté des HRO, devrait probablement les conduire à un polycentrisme dans la prise de décision et donc de responsabilité. Ceci afin d’installer une solution raisonnable selon une autorité majoritaire ou autrement, le conseil de tous les parties prenantes qui sont impliqués dans la dispute. Ceci ayant comme conséquence vertueuse le renforcement de la coopération et de la confiance (des actionnaires, des assureurs du principal, le promoteur ).

Enfin, cette coévolution d’institutions et de l’économie interagit avec la technologie (dont celle de l’information et de la communication) et les changements sociaux et éthiques.

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Enfin, ne peut-on pas s’interroger sur la spécificité qui caractérise le médicament au sens large ? (générique, marché, consommateur. . . )

Cette spécificité ne se retrouve-t-elle pas au niveau de la régulation du champ auquel il appartient ? Autrement dit, n’y a-t-il pas une spécificité de la régulation pharmaceutique ?

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